Gail Farnsworth n’hésite pas à le dire. Mentore communautaire en alimentation (MCA) depuis six ans, conseillère municipale à Nackawic et présidente du comité de mieux-être de sa communauté, elle déclare catégoriquement : « la nourriture ne m’intéresse pas du tout. Ce qui m’intéresse, c’est de fournir un service. Je ne suis pas cuisinomane, mais je veux m’assurer que nos résidents ont de quoi manger ».
Nackawic était autrefois une communauté prospère et bien nantie, avec une économie propulsée par l’exploitation forestière et une usine de pâte à papier. Aujourd’hui, les maisons sont encore bien entretenues et une sculpture géante en forme de hache se dresse dans le parc. Une magnifique courtepointe illustrant les diverses essences d’arbres qui régnaient autrefois dans la région orne la salle du conseil municipal et témoigne de la richesse des ressources naturelles d’antan. Mais la fermeture de l’usine pendant quatre ans a grugé les régimes de pension et ouvert la voie à la pauvreté. L’usine a rouvert ses portes et produit aujourd’hui de la pâte à papier pour un fabricant de rayonne en Inde, mais le village de Nackawic ne s’en est toujours pas entièrement remis. Près de la moitié de ses résidents (44 %) sont à la retraite ou vivent d’un faible revenu.
Il y avait neuf participants lorsque Gail a suivi sa formation de MCA. Animé par des diététistes du comité de mieux-être de la Vallée de l’Ouest, le cours a surtout traité de l’alimentation saine et de la cuisine santé. Les animatrices ont demandé aux membres du groupe de réfléchir à ce qu’ils feraient dans la communauté après avoir suivi la formation. Huit des participants interviennent maintenant pour favoriser la sécurité alimentaire. « Notre groupe a produit de très bons résultats », précise Gail.
La formation a donné lieu à plusieurs programmes, dont un club d’achat d’aliments, un jardin communautaire, un programme de dîner mensuel pour aînés, un déjeuner communautaire mensuel organisé en partenariat avec divers groupes communautaires, un programme de chef junior à l’école primaire, des dîners-causeries et un programme de dîner gratuit pour les écoliers (appelé Feed the Hawks). On a aussi récemment mis sur pied une banque alimentaire qui comprend un service de livraison.
Par ailleurs, on prévoit bientôt offrir un programme pour enseigner aux jeunes familles comment préparer des repas à partir des aliments qu’ils reçoivent dans leur boîte de nourriture. « Nous allons explorer les fèves et les lentilles qui sont aujourd’hui très présentes dans le Guide alimentaire canadien », explique Gail tout en indiquant qu’il est important de tirer parti des programmes qui sont déjà offerts.
« Chaque fois que nous offrons un programme, nous offrons aussi de la nourriture parce que ça attire les gens… La nourriture que nous servons est toujours nutritive, mais il est difficile de convaincre les gens de bien manger. Ils veulent leurs beignes. » Les progrès ont cependant été constants et on veut maintenir l’élan.
« Il nous faut d’autres bénévoles formés, indique Gail. Je m’aperçois que les gens mangent différemment grâce à nos initiatives et que les conversations sur l’alimentation se multiplient. »
Toutes ces activités axées sur l’alimentation n’ont cependant pas pour objectif unique de nourrir le corps. Gail a observé qu’« il s’agit aussi de nourrir l’esprit. Les gens ne réalisent pas à quel point les échanges sociaux sont importants ».
« La plupart des idées sont de petites graines qui germent et poussent lorsqu’on en prend soin. » Et il semble n’y avoir aucune fin aux idées de Gail pour alimenter et faire prospérer sa communauté.