Shelley Shantz et Jossilynn Flewelling
Cuisine communautaire à l’église baptiste de Dundas
Ces deux mentores communautaires en alimentation sont des agricultrices du comté de Kent dotées d’un excellent savoir-faire en alimentation. Shelley Shantz est copropriétaire de la ferme L’Hirondelle, où elle produit des légumes, œufs, poulets et conserves bios. Jossilynn cultive des plantes médicinales. Elles comprennent toutes les deux l’importance de l’autonomie, notamment de savoir cuisiner et utiliser différents types d’aliments. Voilà ce qui les a motivées à organiser une cuisine communautaire – ou un projet d’action communautaire en alimentation – à l’église baptiste de Dundas.
Shelley et Jossilynn ont suivi leur formation de mentors communautaires en alimentation (MCA) en 2015 à Petitcodiac. Jossilynn avait déjà suivi un cours en nutrition et enseigné des cours de cuisine, mais elle affirme que la formation de MCA a été une source d’idées et d’inspiration. « Ça a allumé mon feu sacré. Ça m’a inspirée à mettre mes compétences à contribution et à établir des liens avec des personnes qui auraient des compétences que j’aimerais moi-même développer ». Jossilynn s’intéresse non seulement à la cuisine, mais aussi à la production alimentaire éthique et au lien spirituel avec la terre. Elle affirme que la formation de MCA a validé ses croyances.
Shelley est titulaire d’un diplôme en science de l’environnement qui, dit-elle, a suscité un intérêt pour l’alimentation. Durant sa jeunesse, elle a travaillé comme cuisinière dans des camps de vacances, des cafés et des fermes bios, et elle a fini par suivre un cours de maîtres en jardinage biologique. Il y a quelques années, son mari et elle ont établi la ferme L’Hirondelle. Sa prise de conscience concernant l’insécurité alimentaire fut lente, mais elle se rend aujourd’hui compte que « de nombreux problèmes sociaux découlent de l’alimentation ».
En raison du taux élevé d’insécurité alimentaire dans le comté de Kent, Shelley a présenté une demande de subvention pour lancer une cuisine communautaire. Elle a organisé une soirée d’information à l’église de Dundas. Jossilynn, une voisine, a assisté à la rencontre et a uni ses forces à celles de Shelley.
Pour ces deux femmes, la région de Dundas offrait « carte blanche » et était l’endroit idéal où lutter contre l’insécurité alimentaire et l’absence de compétences alimentaires. Dix personnes – jeunes et adultes – ont participé à la cuisine communautaire chaque mois pendant huit mois. En utilisant des aliments locaux, et en saison si possible, ils ont essayé différentes recettes, pour différents repas, et ont préparé suffisamment de nourriture pour leurs familles. Les thèmes abordés durant les séances d’information comprenaient la salubrité alimentaire, la nutrition, l’achat d’aliments, les techniques culinaires, la conservation de semences et un atelier spécial sur la cueillette d’aliments dans la nature.
« Le message que je tenais vraiment à transmettre, c’est que nous avons tous des choses à apprendre et des choses à offrir », indique Shelley.
L’impact du projet? « Nous avons fini par être un petit groupe tissé serré. C’est par l’échange d’information que les gens nouaient des liens, raconte Jossilyn. Et ça, c’était très bénéfique. Nous avons aussi fait des salades assez incroyables! »
Après la première année, une troisième femme s’est jointe à l’équipe et on a fait une autre demande de subvention, cette fois-ci pour enseigner la cuisine aux enfants de 5 à 12 ans. Les jeunes préparaient des plats simples et mangeaient en groupe. « C’était assez chaotique par moment », mentionne Shelley. « On leur donnait la chance de manipuler un couteau et on leur disait : “j’ai confiance en toi; voici comment l’utiliser correctement”. Ils respectaient vraiment ça et ils étaient fiers d’eux-mêmes », raconte Jossilynn. Shelley et Jossilynn sont surtout fières d’avoir enseigné la cuisine aux enfants. En tout et partout, le projet a duré trois ans.
Que feraient-elles différemment la prochaine fois? Elles confieraient la responsabilité de faire l’épicerie, de planifier les repas, d’organiser les séances d’info, etc. aux participants afin de leur donner un sentiment d’appartenance et d’engagement. Aussi, elles aideraient les participants à déterminer quelles quantités de nourriture acheter pour un grand groupe et comment adapter les recettes à la taille du groupe.
Projets d’avenir? Jossilynn aimerait aménager des jardins communautaires pour les aînés dans la région de Bouctouche. Shelley aimerait organiser un club d’achat de nourriture et partager sa terre à Sainte-Marie avec des gens qui veulent produire de la nourriture. « Les nouveaux immigrants pourraient venir cultiver un jardin. » Et lorsqu’elle rêve en grand, elle aimerait fonder une école où l’on enseignerait le homesteading.