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Anne Driscoll, MCA

« Le besoin est grand », indique Anne Driscoll, directrice générale du centre communautaire Crescent Valley, à Saint John. Elle en a beaucoup sur son assiette : elle est responsable de nombreux programmes, dont plusieurs visent à lutter contre l’insécurité alimentaire.  

Anne a suivi sa formation de mentor communautaire en alimentation (MCA) en 2016 par l’intermédiaire du Réseau de santé Horizon. Ce sont des diététistes associées au Réseau d’action sur la sécurité alimentaire qui ont animé le programme. « Nous accordons beaucoup d’importance aux relations que le Programme des MCA nous permet d’établir avec d’autres organismes. Ça donne un sceau de légitimité aux programmes de sécurité alimentaire que nous offrons à Crescent Valley. »

Parmi les exercices à faire durant la formation de MCA, il fallait inventer un plat santé en utilisant un nombre très limité d’ingrédients, un peu comme ceux que les gens obtiendraient auprès d’une banque alimentaire. « L’exercice était difficile, mais on s’est fié à notre expérience. » Les participants recevaient des flocons d’avoine, une boîte de salade de fruits et de la cassonade. « Nous avons fini par faire une croustade de fruits qui n’était pas mauvaise. » L’exercice a tout de même illustré à quel point cela peut être difficile pour les personnes qui n’ont pas d’expérience dans la cuisine et qui ne comprennent pas les ingrédients.

Sous la gouverne d’Anne, le centre offre un programme de déjeuner pour aînés, un club de collations pour écoliers, le cours de cuisine Savvy Soup et un dépôt pour le club d’achat d’aliments. De plus, Anne a eu une idée de programme innovateur lorsqu’elle a vu un employé de Starbucks offrir des échantillons de produits dans un centre commercial. Elle s’est dit : « on pourrait faire la même chose, mais offrir des collations santé » et c’est ainsi qu’est née l’idée du Healthy Snack Wagon. « On s’installe sur la galerie ou on se promène dans les rues et on distribue des échantillons. Les résidents du coin ont alors l’occasion de goûter à de nouveaux aliments qu’ils ne mangeraient pas normalement, comme une salade aux épinards ou un plat à base de fenouil, de lentilles, de bulgur ou d’orge. » Les plats sont habituellement d’origine végétale et les recettes sont fournies. « Les gens adorent! C’est aussi un excellent outil d’engagement communautaire. Et il n’y a jamais de restants. »

Bon nombre des résidents du quartier Crescent Valley sont de nouveaux arrivants de la Syrie. Dans un esprit de partage, les rôles sont renversés et ces personnes apportent de la nourriture au centre. « Les gens aiment vraiment la nourriture que leur apportent les nouveaux arrivants. C’est délicieux! Nous sommes très chanceux qu’ils nous nourrissent de temps en temps. »

Le plus récent projet à Crescent Valley est un jardin communautaire appelé The Growing Place. C’est un projet ambitieux qui comprend des planches de jardin que les résidents peuvent louer, la culture de légumes pour la banque alimentaire North End et un lieu de rassemblement public. On y aménage actuellement une grande serre où la culture à l’année sera possible dès cet hiver. L’an prochain, on ajoutera des arbres fruitiers et des petits fruits au complexe agricole. Anne est convaincue que « la nourriture et les jardins sont des éléments rassembleurs ».

En septembre 2019, le centre communautaire Crescent Valley a pris l’initiative d’organiser des retrouvailles régionales pour garder les MCA en contact les uns avec les autres. « Nous voulons savoir ce que font les autres mentors et comment ils s’y prennent pour offrir des conseils aux personnes en situation d’insécurité alimentaire. » Ils font des remue-méninges, trouvent des solutions à divers problèmes et échangent des renseignements sur les organismes et ministères gouvernementaux pour poursuivre leur mandat. « Nous devons examiner les enjeux de l’insécurité alimentaire de plus près. » La tâche n’est pas mince, avoue Anne, mais avec un peu de créativité, de persévérance et d’engagement communautaire, les choses s’accomplissent.