Erica Ward nous accueille au centre alimentaire Natoaganeg arborant une paire de boucles d’oreilles perlées aux reflets irisés. Elle est directrice des programmes du centre, qui fait partie de la Première Nation d’Eel Ground. C’est son amie, professeure d’artisanat au centre, qui a fabriqué les boucles d’oreilles, et nous nous émerveillons toutes les deux devant la beauté de ce bijou d’inspiration traditionnel, de même que le talent et le savoir-faire de l’artiste.
Artiste sous une autre forme, Erica crée avec la nourriture et la communauté. En mai 2019, elle a conçu, coordonné et suivi une séance de formation de mentors communautaires en alimentation (MCA) adaptée aux besoins des participants mi’kmaq. Erica travaille aux côtés du chef et du directeur général du centre, Brian Matheson et Chad Duplessis respectivement, et c’est avec « joie et enthousiasme » qu’elle exerce son rôle et constate les changements survenus dans sa communauté depuis la formation.
La formation de MCA a attiré dix femmes et cinq hommes âgés de 20 à 75 ans. Le cours a été modifié pour répondre aux besoins des programmes du centre alimentaire et pour former des bénévoles bien informés, en particulier pour entreposer et organiser les aliments et aider le chef à préparer le repas communautaire hebdomadaire. Grâce à cette initiative, sept adultes et cinq jeunes sont devenus de nouveaux bénévoles.
En plus de découvrir le nouveau Guide alimentaire canadien avec une diététiste, de perfectionner leurs compétences en alimentation et en animation avec leur chef et d’apprendre à planifier et à préparer des repas ensemble, les participants ont appris à préparer un rôti d’orignal.
Des chasseurs d’Eel Ground donnent des sources de protéines traditionnelles – orignal, chevreuil, poisson et autres gibiers – au centre alimentaire, alors il est important de savoir comment apprêter ces aliments. Le volet de la formation consacré à la certification en salubrité alimentaire s’est révélé essentiel à la mise en place de bonnes techniques de traitement et de transformation de la viande sauvage.
Erica explique que « l’adaptation du Programme des MCA aux besoins de notre centre alimentaire consiste en partie à y incorporer autant d’enseignements et de connaissances traditionnelles que possible. Nous croyons qu’il est vraiment important de transmettre ces enseignements à la jeune génération. Nous voulons les partager parce qu’ils représentent notre identité en tant que peuple mi’kmaq. Il est vraiment important d’avoir ces enseignements à cœur parce que nous sommes en train de les perdre ».
Selon Erica, la formation « consistait surtout à apprendre de nouvelles choses et à s’encourager les uns les autres. Je m’attendais à un cours magistral, mais ce n’était pas du tout le cas. Il y avait une atmosphère de compétition amicale entre les hommes et les femmes : la question était de savoir qui allait couper les légumes avec plus de rapidité et de précision. La meilleure partie du cours, c’était les échanges avec les membres de la communauté. Tous étaient heureux d’être dans la cuisine ensemble et d’acquérir des compétences alimentaires, d’apprendre à bien manger et de découvrir pourquoi il est important de transmettre ces enseignements à nos jeunes ».
« À la fin de la formation, nous avons planifié un repas ensemble, nous sommes allés magasiner ensemble et nous avons préparé le repas ensemble. Il y avait une énergie incroyable au centre. »
Comme prochaine étape, Erica aimerait faire appel à un conseiller en jardinage pour savoir ce qui se cultive bien dans la région et en apprendre plus sur le jardinage, la récolte et la mise en conserve. Elle veut surtout promouvoir l’engagement des jeunes en leur offrant des cours de cuisine et des programmes axés sur l’alimentation de pair avec l’art et l’artisanat traditionnels. L’été dernier, le centre a offert des ateliers de perlage, de fabrication de mocassins et d’art traditionnel pour attirer plus de jeunes.
Il y a une liste d’attente pour la formation de MCA, alors deux autres cours seront offerts à partir de mai 2020.

